Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/365

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joué, ni l’un tout à fait ni l’autre, qui verse, le volume presque à part, l’impression qu’on n’est pas tout à fait devant la rampe. Si je voulais analyser ce charme intellectuel, je dirais d’abord que sans le nécessaire talisman du Livre, présent perfide d’un dieu, attendu qu’en son humble aspect il cache notre asservissement à la pensée d’autrui, que dis-je ! à son écriture, on ne se croit d’autre part le captif du vieil enchantement redoré d’une salle, le spectacle comportant je ne sais quoi de direct ou cette qualité de provenir de nous à la façon d’une libre vision spirituelle. Ainsi l’acteur n’y scande point sur les planches son pas appuyé à ritournelle dramatique mais se meut dans un milieu rare et le silence, ici comme au figuré, de tapis sur le sonore tremplin rudimentaire de la marche et du bond : il n’y a, tel détail ou un autre, jusqu’à cet enguirlandement de comparses en la farandole qui ne prenne une grâce de mentale fresque. Morcellement surtout de ce qu’il faudrait, en contradiction avec une formule célèbre, appeler la scène à ne pas faire du moins dans la modernité où personne ne nourrit qu’une préoccupation, pendant ses heures de la nuit et du jour, remplaçant tous les codes passés, c’est de ne jamais accomplir ou proférer qui puisse exactement se copier au théâtre. Le heurt d’âmes le plus violent sans que s’y abandonne tout au long le héros, comme il le peut dans le seul Poëme, a lieu par de brefs élans, un cri ou sursaut la minute d’y faire allusion avec une légèreté de touche autant que la clairvoyance d’un artiste qui a exceptionnellement dans l’esprit notre monde. Le faire si curieux et qui apparaît à l’ctat de résultante comme visuelle d’une tentative, la plus haute d’à présent, ne se dément pas au long de la pièce : il éclate intense et significatif, à suspendre même l’afflux des bravos, avant la chute du rideau et fournit ce tableau à demi dans la plastique du théâtre mais déjà aussi dans l’optique idéale, d’une chambre avec tous les éléments familiaux et chers de la vie, on y va bientôt mourir, on y vient presque de naître, plus poignant que de juvéniles fiançailles un rapprochement conjugal s’y noua, or tout est vain et ne garde d’intérêt que pour le spectateur. A travers la croisée, impersonnel comme l’être vu de dos, repris déjà par sa folie du dehors et de bruit, s’agite dans quelque harangue, au balcon, inentendue qu’importe, il parle !