Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/382

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ou livreront un terre-plein à telle machine, les mêmes, Louis-Pierre, Martin, Poitou et le Normand, quand ils ne dorment pas, ainsi s’invoquent-ils selon les mères ou la province; mais plutôt des naissances sombrèrent en l’anonymat et l’immense sommeil l’ouïe à la génératrice, les prostrant, cette fois, subit un accablement et un élargissement de tous les siècles et, autant cela possible — réduite aux proportions sociales, d’éternité. CRISE DE VERS Tout à l’heure, en abandon de geste, avec la lassitude que cause le mauvais temps désespérant une après l’autre après-midi, je fis retomber, sans une curiosité mais ce lui semble avoir lu tout voici vingt ans, l’effilé de multicolores perles qui plaque la pluie, encore, au chatoiement des brochures dans la bibliothèque. Maint ouvrage, sous la verroterie du rideau, alignera sa propre scintillation : j’aime comme en le ciel mûr, contre la vitre, à suivre des lueurs d’orage. Notre phase, récente, sinon se ferme, prend arrêt ou peut-être conscience : certaine attention dégagera créatrice et relativement sûre volonté. Même la presse, dont l’information veut les vingt ans, s’occupe du sujet, tout à coup, à date exacte. La littérature ici subit une exquise crise, fondamentale. Qui accorde à cette fonction une place ou la première, reconnaît, là, le fait d’actualité : on assiste, comme finale d’un siècle, pas ainsi que ce fut dans le dernier, à des bouleversements; mais, hors de la place publique, à une inquiétude du voile dans le temple avec des plis signi-ficatifs et un peu sa déchirure^ Un lecteur français, ses habitudes interrompues à la mort de Victor Hugo, ne peut que se déconcerter. Hugo, dans sa tâche mystérieuse, rabattit toute la prose, philosophie, éloquence, histoire au vers, et, comme il était le vers personnellement, il confisqua chez qui pense,