Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/461

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spirale, et ce frôlement, le frôlement incertain de sa dualité ? Enfin ce n’est pas le ventre velu d’un hôte inférieur de moi, dont la lueur a heurté le doute, et qui s’est sauvé avec un volètement, mais le buste de velours d’une race supérieure que la lumière froisse, et qui respire dans un air étouffant, d’un personnage dont la pensée n’a pas conscience de lui-même, de ma dernière figure, séparée de son personnage par une fraise arachnéenne et qui ne se connaît pas : aussi, maintenant que sa dualité est à jamais séparée, et que je n’ouïs même plus à travers lui le bruit de son progrès, je vais m’oublier à travers lui, et me dissoudre en moi.

Son heurt redevient chancelant comme avant d’avoir la perception de soi : c’était le scandement de ma mesure dont la réminiscence me revint prolongée par le bruit dans le corridor du temps de la porte de mon sépulcre, et par l’hallucination : et, de même qu’elle a été réellement fermée, de même elle doit s’ouvrir maintenant pour que mon rêve se soit expliqué.


Il quitte la chambre.


L’heure a sonné pour moi de partir, la pureté de la glace s’établira, sans ce personnage, vision de moi — mais il emportera la lumière ! — la nuit ! Sur les meubles vacants, le Rêve a agonisé en cette fiole de verre, pureté, qui renferme la substance du Néant.


III.

Vie d’Igitur


Écoutez, ma race, avant de souffler ma bougie — le compte que j’ai à vous rendre de ma vie — Ici : névrose, ennui, (ou Absolu !)


Heures vides, purement négatives.


J’ai toujours vécu mon âme fixée sur l’horloge. Certes, j’ai tout fait pour que le temps qu’elle sonna restât présent dans la chambre, et devînt pour moi la pâture et la vie — j’ai épaissi les rideaux, et comme j’étais obligé pour ne pas douter de