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Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/542

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Les marbres de l'Attique, amoureux de Paris, \Loyaient l'air et les deux et la terre fleuris. (Malédiction de Cépris.) Toujours, aussi près du Panthéon se prend-on à regretter qu’Hugo (eux, les savants, les politiques, plus ou moins, s’accommodent de la vide coupole sous quoi la Mort continue une séance de parlement et d’institut) habite un froid de crypte; quand avait lieu de renaître pareillement parmi des ramiers, ou l’espace. Affection à part, si, parlant poèmes, se peut omettre le souvenir de l’auguste tête fine que le buste instauré éveille pour le promeneur et ami, je vouai à Théodore de Banville un culte. L’exceptionnelle clarté où je l’admire, trait unique et comme absolu, s’aidera de la brièveté de ma causerie. Non que n’importe de signaler des dons excessifs, divers; mais je les confonds en tant qu’éléments d’un miracle. Même afin de prouver que je vois comme tout le monde, moins bien certes, j’exnume, sans pitié à mon égard, une des premières pages qu’écolier je traçai dans la solitude, à la louange du dieu dont je choisirais, pour le célébrer aujourd’hui, de dire mieux la même chose; ou ne la calquant sur le tour et une manière à lui propres et n’empruntant sa voix. « Si l’esprit n’est gratifié d’une ascension mystique : las de regarder l’ennui dans le métal cruel d’un miroir, et cependant aux heures où l’âme rythmique aspire à l’antique délire du chant, mon objet est Théodore de Banville qui n’est pas quelqu’un, mais le son même de la lyre. Avec lui, je sens la poésie m’enivrer, que tous les temps ont appelée ainsi et bois à la fontaine de lyrisme. Fermé le livre, les yeux avec de grandes larmes de tendresse et un nouvel orgueil. Ce que d’enthousiasme et de bonté musicale et de pareil aux rois chante et j’aime ! j’aime naître, j’aime les lumineux sanglots des femmes aux longs cheveux, et je voudrais tout confondre dans un poétique baiser. Nul mieux ne représente maintenant le Poëte, l’invincible, classique Poète soumis à la déesse et vivant parmi le charme oublié des héros et des roses. Sa parole, sans fin, l’ambroisie, que seul tarit le cri ivre de toute gloire... Les vents qui parlent d’effarement et de la nuit, les abîmes pittoresques de la région, il ne les veut entendrè ni ne doit les voir :