Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/553

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Que son ombre y soit reçue avec les termes mêmes de l’hyperbole affectueuse qu’au temps de jeunesse, à lui illustre mais encore futur, dédia l’enthousiasme de Poe : « l’âme poétique la plus noble, qui jamais vécut ». EDGAR POE Edgar Poe personnellement m’apparaît depuis Whis-tler. Je savais, défi au marbre, ce front, des yeux à une profondeur d’astre nié en seule la distance, une bouche que chaque serpent tordit excepté le rire; sacrés comme un portrait devant un volume d’œuvres, mais le démon en pied ! sa tragique coquetterie noire, inquiète et discrète : la personne analogue du peintre, à qui le rencontre, dans ce temps, chez nous, jusque par la préciosité de sa taille dit un même état de raréfaction américain, vers la beauté. Villiers de l’Isle-Adam, quelques soirs, en redingote, jeune ou suprême, évoqua du geste l’Ombre tout silence. Cependant et pour l’avouer, toujours, malgré ma confrontation de daguerréotypes et de gravures, une piété unique telle enjoint de me représenter le pur entre les Esprits, plutôt et de préférence à quelqu’un, comme un aérolithe; stellaire, de foudre, projeté des desseins finis humains, très loin de nous contemporainement à qui il éclata en pierreries d’une couronne pour personne, dans maint siècle d’ici. 11 est cette exception, en effet, et le cas littéraire absolu. lEtlISTLER Si, extérieurement, il est, interroge-t-on mal, l’homme de sa peinture — au contraire, d’abord, en ce sens qu’une œuvre comme la sienne innée, éternelle, rend, de la beauté, le secret; joue au miracle et nie le signataire. Un Monsieur rare, prince en quelque chose, artiste décidément, désigne que c’est lui, Whistler, d’ensemble comme il peint toute la personne — stature, petite à qui la veut voir ainsi, hautaine, égalant la tête tourmentée,