Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/660

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l’État, pour peu qu’il se prête, d’ingérence ou sollicitude quant aux Lettres. Le roulement, en les âges, de la gloire poétique d’un peuple ne se borne pas à la pure splendeur, il fournit, à côté, une caisse, avec les générations accrue — puisque les grands auteurs parviennent par des livres, qui se vendent. Trésor, comparativement à l’effusion d’intelligence, lui, modique selon mes calculs et je n’en cache une satisfaction; mais absolu : il suffit, prélevé pour le principe, à un délicat et légitime emploi. Je signale, que le risque manque à réimprimer nos classiques, au fur et à mesure de la demande. Le bénéfice attendu de cette entreprise doit porter sur les conditions matérielles, de luxe ou de bon marché, que dicte l’intérêt : élever un monument, divulguer. Invention de caractères, de format, illustrations, le papier d’une époque présenté au chef-d’œuvre constitue un apport propre ou monnayable. Mais il est, ici j’interviens avec assurance, quelque chose, peu, un rien, disons exprès, lequel existe, par exemple égal an texte : où le profit n’appartient pas au zélateur de Rabelais, de Molière, Montesquieu et bientôt Chateaubriand — cela demeure réservé, comme un emprunt et, en probité, une minime part lui échappe. J’en veux la perception par le fisc, tuteur, en tant que redevance : réduite à des centimes ou, si le coin existait autre part que dans les consciences, à un « scrupule ». Le jour ainsi fait sur quelque étrangeté d’un commerce, dont l’heure de rêverie loisible au cours de leur carrière n’a pas été sans impressionner le galant homme inclus en MM. les éditeurs; cet être de raison, je crois, se réjouira de comprendre ici précisé clairement l’embarras qui put le gêner. Tous, je m’en fais garant, ont, d’eux-mêmes, douté d’une spéciale largesse de la nation en faveur de leur personne — soit, qu’aient éclairé de sublimes écrivains morts, à vente certaine : mais, l’habitude acquise et une distraction prolongée au maniement de vastes affaires ! Le domaine public, où un laps révolu de cinquante ans précipite la propriété des ouvrages de l’esprit, en désaccord avec l’hérédité vulgaire, ne peut pas avoir été créé, au profit particulier d’un corps, le plus honorable, de spéculateurs... Auxquels le présent confère un droit,