Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/689

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produits requis par nos besoins immédiats, en même temps que l’industrie multiplie par ses procédés hâtifs et économiques ces objets embellis autrefois par leur seule rareté ? Je me propose de rechercher, sous l’heureuse inspiration de votre programme, qui est celui que je viens d’abréger, toutes choses participant de ce double aspect. Je groupe nos meubles divers de la façon qu’ils se présentent dans la vie, tous les jours ; car où trouver les spécimens véritables de la tendance que nous encourageons, sinon dans le Mobilier usuel ? Le Grand Mobilier, quoique les spécimens exposés soient rares, répond à votre désir. La maison Degas nous retient parmi les fauteuils et les canapés, inévitablement empruntés aux derniers règnes du siècle passé : garnitures assez pâles et dorures assez éteintes, pour que le charme inhérent aux choses neuves ne nuise pas aux réminiscences surannées qui évoquent ces styles perpétués. Nous admirons de beaux cabinets Renaissance, exposés : l’un par la même maison, — tout d’ébène aux rares médaillons d’émail, avec statuettes d’argenture oxydée; l’autre, par Fourdinois, — bois ancien incrusté de marbres, que supportent de ravissantes chimères sculptées dans le meuble. Des tendances moins rétrospectives sont indiquées par une somptueuse table de métal et de pierre, cuivres dorés et rouges, marbres bleus et rouges, ornementation d’amour et de guirlandes de M. Christofle. Une console de métal également, et de marbre, supporte quelques-uns des articles de goût, réunis par MM. Faingo frères. Une autre, au décor nouveau : bois pâle, pareil à celui que découpent les paysans Badois, toute de cupidons et de couronnes, réfléchis obscurément par un miroir situé sous la plaque d’onyx qui recouvre le meuble, supporte un coffre superbe d’ébène, d’ivoire et de ce même bois naturel. Je regrette de ne pas savoir le nom de l’exposant, auquel j’adresse les éloges mérités pour ces deux pièces véritablement modernes placées dans un des étalages de M. Bleuie. Les trouvailles sont rares par ce temps et valent qu’on les remarque. Nous le savons : à l’exception de quelques sièges confortables, connus sous la désignation de « cra-