Aller au contenu

Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/785

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

n’ont pas il y a huit jours, applaudi parmi ceux d’une comédienne, maintenant prête à les exhiber à Pétersbourg (c’était, dans Philiberte, aux Variétés, mademoiselle Delaporte). Jupe en soie bronze à petits volants. Tunique en drap gris clair rayée de soutaches en or, en argent et en bronze. Chapeau de feutre gris garni de plumes grises avec écharpe couleur bronze; au bout de celle-ci un gland d’or et d’argent. Affronter le plein air, cet habit ne le peut, ayant besoin de la lumière spéciale de la rampe. Mais ce que la Diane elle-même des Tuileries, toute déesse! n’obtiendrait pas, descendue de son piédestal pour aller, plutôt que près du costumier chez un des tailleurs ou l’une des couturières en renom et de chasseresse devenir sportwoman; c’est la parure presque indispensable aujourd’hui du vêtement de chasse. Acier? jais ? non, l’ambre ou les coraux ? non pas; mais des Croix d’Ordres attribuées par les Cours étrangères aux femmes d’ambassadeurs ou aux dames à généalogie immémoriale, qu’il est de règle de porter au grand complet sur la poitrine : à savoir Croix étoilée d’Autriche, Sainte-Élisabeth de Portugal et Marie-Louise d’Espagne, Sainte-Anne de Munich et l’autre Sainte-Anne de Wursbourg avec une Sainte-Élizabeth toujours de Bavière, ou le Cordon de Sainte-Catherine de la Russie. A ce paradoxe charmant de l’habit masculin et des insignes du mérite officiel revêtus, une heure, par la beauté et par la noblesse, opposons la coutume antique du vêtement féminin par excellence, blanc et vaporeux, tel qu’il se porte au Mariage. Y a-t-il contraste plus entier ? Une vision délicieuse que je viens de considérer à l’église de la Trinité, m’invite à joindre à un croquis rapide de dentelles et de Heurs, quelques notes relatives à l’étiquette contemporaine qui règle notre présence à la cérémonie. Cela ne crie pas, une Toilette de Mariée : on la remarque, telle qu’elle apparaît, mystérieuse, suivant la mode et pas, ne hasardant le goût du jour que tempéré par des réminiscences vagues et éternelles, avec des détails très-neufs enveloppés de généralité comme par le voile. C’était : Pardessous de satin blanc recouvert d’un jupon de tarlatane, chaque volant se terminant par une chicorée; or, il y en avait au moins vingt sur la traîne, tandis que sur le devant je n’en comptais que quatre. Tunique plissée en travers et fixée sur la jupe; dans le bas de la tunique, frange avec perles blanches. Large ceinture en satin prenant de côté, descendant contre la tunique et se nouant sur la traîne : ce nœud fixé lui-même sur la jupe par une couronne de fleurs d’oranger avec traîne. Le corsage était montant et à basque, doublé entièrement de satin ainsi que les manches; et toute la garniture de la basque consistait en chicorée bien fournie et en un bouquet