Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/880

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représentatif, comme le traite d’abord la foule, le Dire, avant tout, rêve et chant, retrouve chez le pocte, par nécessité constitutive d’un art consacré aux fictions, sa virtualité. Le vers qui de plusieurs vocables refait un mot total, neuf, étranger à la langue et comme incantatoire, achève cet isolement de la parole : niant, d’un trait souverain, le hasard demeuré aux termes malgré l’artifice de leur retrempe alternée en le sens et la sonorité, et vous cause cette surprise de n’avoir ouï jamais tel fragment ordinaire, en même temps que la réminiscence de l’objet nommé baigne dans une neuve atmosphère. IJensemble de feuillets qui enroule autour de pareille visée de délicieuses recherches dans tout l'arcane verbal a de l’authenticité, non moins qu'il s'ouvre à l'heure bonne. PRÉFACE AU SANG DES CRÉPUSCULES Il est un ton (cher poète), de personne réclamé, fatal, exquis à quoi s’accordent les voix pendant une époque : où prélude-t-il, sourd-il — toujours vous le puisâtes aux fonts. Habitude du mètre ou les complexité et fluidité, aussi, en la pensée, rien que de sûr parmi votre invention; même, une des toutes premières fois, l’assonance y suffisant à marquer le vers, comme coloration, apparaît dans son feu plus nu presque plus précieuse que la rime. Subtilement vous vous gardez bien de plaquer, ce qu’on fit, une image à son élément grossier, la détachez, qu’elle flambe, à part, et entre plusieurs anime cette essence riche, pure qui est votre produit, ainsi qu’au dessus de tout, par exemple, l’azur. Alors présumé-je que Rodenbach, avec qui le contentement et l’honneur me sont de partager la dédicace mise aux Dernières Pourpres, au Sang du Crépuscule, fournira une part à cette satisfaction d’aînés. Au Lecteur, on ne les lui déflore, un Recueil tout à fait de Poésies.