Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/999

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du ton exquis de nos salons et de notre goût pour l’ajustement et la toilette, enfin par une recherche, faite au dehors, des qualités toutes françaises : ces termes se trouvent là aussi bien que dans le langage de presque tous les peuples épris de civilisation. L’étranger les respecte souvent même dans leur prononciation; et ils font censé partie de l’idiome où ils s’exilent, jusqu’à ce qu’une mode nouvelle nous les rende comme elle nous les prit. Rien qui intéresse, au point de vue linguistique, sauf une nuance, cependant, à établir entre le plus ou le moins de sanction accordé par le temps à tel vocable ou à tel autre '.yacht et sport (pour invoquer la réciproque), ayant chez nous, par exemple, des droits au Dictionnaire, refusés à high-life et à starter. L’objet seul de l’investigation actuelle, c’est nos mots transplantés avec la Conquête, et assimilés au parler du vaincu par une élaboration de plusieurs siècles : mais ne veut-on qu’en constater le nombre ? Quel discernement que demande cette tâche, elle ne suffit pas à la Science, dont le but reste autre chose qu’une statistique. Stérile occupation même, si chaque vocable a jadis éprouvé quelque détérioration hasardeuse, que d’aller la chercher dans les colonnes du lexique anglais d’à-présent, pour en exhiber le cas aux yeux habitués à voir, chez l’écrivain, le mot entier habilement mis en lumière. A coup sûr, il y a davantage à tenter. Voyons ! d’où résultent de pareils changements dans le son, si ce n’est d’une impuissance, sentie par des organes vocaux étrangers, à prononcer comme nous. Ces gosiers, ils ne savent donner que telle note et se refusent à celle-là ; les dents se resserrent au point d’omettre telle articulation : oui, et ceci presque uniformément. Vingt mots, soixante ou cent, se rencontreront en conséquence, abîmes non sans analogie. Une parenté résulte entre ces groupes, que souvent a, de son côté et chez elle, songé à réunir la Grammaire française dans quelque note ou quelque tableau faciles; et comme rien ne procède ici que d’un effort naturel, toujours logique avec lui-même, il y aura des Lois, absolues ou relatives. Ainsi permutent du Français à l’Anglais la voyelle — ou la diphthongue, — ou la consonne. Toujours ? non, souvent. Voilà ce que pourra dire, y ayant peut-être, mais sans fixité, songé de longue date, quiconque lit ce deuxième Livre. Mais si le mot, anciennement prêté par nous, s’était chez nous perdu ? Division alors du travail en deux parties. L’une comptant les Changements, à l’intérieur du mot ou à la Fin, répétés d’une langue à l’autre un nombre suffisant de fois pour qu’il y ait motif à faire une Règle; l’autre qui aligne les mots, non seulement tombés ici en désuétude tandis qu’ils sur-