Page:Mallarmé - Divagations.djvu/204

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trales exactes, mimique, jonglerie, danse et la simple acrobatie, il ne se passe pas moins que des gens adviennent, vivent, séjournent en la ville : phénomène qui ne couvre, apparemment, qu’une intention d’aller quelquefois au spectacle.

La scène est le foyer évident des plaisirs pris en commun, aussi et tout bien réfléchi, la majestueuse ouverture sur le mystère dont on est au monde pour envisager la grandeur, cela même que le citoyen, qui en aura idée, fonde le droit de réclamer à un État, comme compensation de l’amoindrissement social. Se figure-t-on l’entité gouvernante autrement que gênée (eux, les royaux pantins du passé, à leur insu répondaient par le muet boniment de ce qui crevait de rire en leur personnage enrubanné ; mais de simples généraux maintenant) devant une prétention de malappris, à la pompe, au resplendissement, à quelque solennisation auguste du Dieu qu’il sait être ! Après un coup d’œil regagne le chemin qui t’amena dans la cité médiocre et sans compter ta déception ni t’en prendre à personne, fais-toi, hôte présomptueux de l’heure, reverser par le train dans quelque coin de rêverie insolite; ou bien reste, nulle part ne seras-tu plus loin qu’ici : puis commence à toi seul, selon la somme amassée d’attente et de songes, ta nécessaire représentation. Satisfait d’être arrivé dans un temps où le devoir qui lie l’action multiple des