Notre bahut encore est très vieux : contemple
comme ce feu rougit son triste bois ; les rideaux
amortis ont son âge, et la tapisserie des fauteuils
dénués de fard, et les anciennes gravures des
murs, et toutes nos vieilleries ? Est-ce qu’il ne te
semble pas, même, que les bengalis et l’oiseau
bleu ont déteint avec le temps.
(Ne songe pas aux toiles d’araignées qui tremblent
au haut des grandes croisées.)
Tu aimes tout cela et voilà pourquoi je puis
vivre auprès de toi. N’as-tu pas désiré, ma sœur
au regard de jadis, qu’en un de mes poèmes apparussent
ces mots « la grâce des choses fanées » ?
Les objets neufs te déplaisent ; à toi aussi, ils
font peur avec leur hardiesse criarde, et tu te
sentirais le besoin de les user, ce qui est bien
difficile à faire pour ceux qui ne goûtent pas
l’action.
Viens, ferme ton vieil almanach allemand, que tu lis avec attention, bien qu’il ait paru il y a plus de cent ans et que les rois qu’il annonce soient tous morts, et, sur l’antique tapis couché, la tête appuyée parmi tes genoux charitables dans ta robe pâlie, ô calme enfant, je te parlerai pen-