Page:Mallarmé - Divagations.djvu/224

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sionnel, homme du monde, sportsman comme naguère le fondateur et l’inspirateur des Revues Indépendante et Wagnérienne : il gréerait demain la voilure autrement qu’en vélin de quelque remarquable yacht. Je le veux voir, pour cette heure, costumé du soir, une pluie d’orchidées au revers de l’habit — ombre de trois quarts selon la rampe éteinte, avec une jolie inclinaison de toute l’attitude — mystérieux, scrutant du monocle le manuscrit de son prologue ; whistlérien. Trois étés, consécutifs, il invita Paris à connaître les diverses parties, ou, chaque une tragédie moderne, de la Légende d’Antonia. Cette fois-ci spécialement et pour la conclusion il usa de faste. La très courue, élégante salle du Vaudeville louée exceptionnellement, les dégagements plantés en serre et drapés de fête, vers la rue, au point d’y retarder la circulation.. À mon sens, une erreur ! encore que je ne l’impute à de l’ostentation personnelle chez l’impresario, il me frappe comme désintéressé de toute facile gloire, ou crédule à la seule vertu de l’œuvre, candidement : pour l’effusion de celle-ci et en faire, avec sincérité, la preuve, il convoqua devant une vision de primitif, lointaine et nue, outre des amateurs, le boulevard.

L’aventure aurait pu tourner autrement qu’avec quelques rires épars mais exaltés jusqu’au malaise, interrompant la belle attention, respec-