Page:Mallarmé - Divagations.djvu/74

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précoce mari, lié par de joueuses fiançailles. Ainsi répartie et entre de délicieux nains dévots, des goules, puis d’autres figurants qu’elle accorde avec le décor mystique ou terrestre, de la fiction sort un appareil insolite : oui, les moyens méconnus autrefois de l’art de peindre, tels qu’accumulation d’étrangetés produite simplement pour leur caractère unique ou de laideur, une bouffonnerie irrésistible et ample, montant en un crescendo quasi lyrique, la silhouette des passions ou de cérémonials et que n’ajouter pas ? À peine si la crainte de s’attarder à de ces détails, y perdant de vue le dessin de tel grand songe surgi à la pensée du narrateur, le fait par trop abréger ; il donne une allure cursive à ce que le développement eût accusé. Tant de nouveauté et la couleur locale, sur quoi se jette au passage le goût récent pour faire comme, avec, une orgie, seraient peu, en raison de la grandeur des visions ouvertes par le sujet ; où cent impressions, plus captivantes même que des procédés, se dévoilent à leur tour. Les isoler par formules distinctes et brèves, le faut-il ? et j’ai peur de ne rien dire en énonçant la tristesse de perspectives monumentales très vastes, jointe au mal d’un destin supérieur ; enfin l’effroi causé par des arcanes et le vertige par l’exagération orientale des nombres ; le remords qui s’installe de crimes vagues ou inconnus ; les langueurs virginales de l’innocence et de la prière ; le blasphème, la méchanceté, la foule[1].

  1. Citations.