Page:Mallarmé - Les Dieux antiques.djvu/117

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ce titre à Charis, et d’autres à Aglaïa ; trois leçons voulant dire une seule et même chose, à savoir que la flamme du feu est apparentée à l’éclat de la lumière du soleil.

Héphaistos se retrouve dans des traditions étrangères à celles des Grecs, mais point sous ce nom. Des Latins et Fig. 68. — Buste de Vulcain.
des Romains d’époque avancée, il était connu en tant que Vulcain (fig. 68). Dans les poèmes védiques il s’appelle Agni, le même mot qu’en latin Ignis, le feu. Les Latins semblent, dans cette légende et dans d’autres, avoir emprunté un grand nombre de notions grecques ; mais les poètes hindous insistaient plutôt sur la force de la flamme nouvellement allumée que sur son aspect chétif. Au lieu de dire, comme nous, que le feu brûle et que le bois fume, je les entends chanter : « Hennissant d’ardeur à se nourrir, il s’avance hors de sa forte prison ; puis le vent, après cette explosion, souffle, et le sentier d’Agni (le feu) est tout de suite obscur. » La même idée se rencontre dans la mythologie du nord de l’Europe.

Rappelez-vous l’histoire de Sigurd, qui est l’Achille ou le Persée des légendes norses ; Régin, l’artisan de Hialprek, roi de Danemark, répond exactement à Héphaistos, et, pareil à lui, forge des armes auxquelles nul ennemi ne peut résister.