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Page:Mallarmé - Les Dieux antiques.djvu/128

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turages par Phaétuse et Lampétie, les filles « brillantes » et « étincelantes » de Nérée, la première aube. Vous rappelez-vous, dans l’Odyssée, que des compagnons du héros tuèrent et mangèrent quelques bêtes de ces troupeaux ? Pour les punir, Hélios les fit mourir. La vénération avec laquelle le poète homérique parle de ces vaches n’indique pas, toutefois, que les compatriotes du rhapsode se livrassent à l’adoration d’animaux, mais seulement qu’il fallait regarder le bétail du soleil paissant notre terre comme chose Fig. 78. — Phaéton.
que ne doit profaner un contact vulgaire. Voyez là un reste de l’origine symbolique : dans les premiers poèmes hindous, les chevaux d’Hélios sont les Harits, que la Grèce changea en de belles femmes appelées Charites, les Grâces latines.

Tous ces détails élucidés, arrivons à l’histoire de Phaéton.

On dit que, dans un instant de malheur, il demanda à son père de le laisser conduire son char une seule journée. Hélios, bien à contre-cœur, lui permit de prendre les rênes. Après s’être un peu élevés dans les cieux, les chevaux, conscients de la faiblesse de leur cocher, plongèrent sur terre ; et le sol, avec tous ses fruits, ses cours d’eau, sa verdure, fut desséché et brûlé. Zeus, voyant cela et comprenant que, si rien n’arrêtait cette course, toute vie ici-bas périrait bientôt, frappa Phaéton de sa foudre ; et les filles d’Hespéros lui bâtirent un sépulcre au rivage où il était tombé. Si vous voulez étudier cette