Page:Mallarmé - Les Dieux antiques.djvu/159

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dieu latin, il semble se rapporter aux bornes des territoires et propriétés ou palissades, ainsi que Jupiter Terminus, le Zeus Hokios des Grecs ; et comme tel, son nom était probablement Herclus ou Herculus. La similitude du nom simplement amena les Romains à identifier leur Hercule avec l’Héraclès grec. Cette façon de voir acquit une nouvelle force de ce fait qu’un héros, nommé Garanus ou Recaramus, passait pour avoir tué un grand voleur nommé Cacus, et que ce héros ressemblait non-seulement à Héraclès, mais à Persée, Thésée, Œdipe, et à tous les autres destructeurs de monstres et de malfaiteurs. L’histoire de ce Cacus est racontée de diverses façons ; mais la version la plus populaire dit que quand Hercule atteignit les bords du Tibre, Cacus, fils à trois têtes de Vulcain, vola de son bétail, et pour qu’on ne le découvrît pas, tira les bêtes par derrière jusque dans sa caverne. Mais leurs mugissements parvinrent aux oreilles d’Hercule, qui, se frayant par la force un chemin vers l’antre du voleur, y recouvra non-seulement son troupeau, mais tous les trésors ravis qui y avaient été amassés. Cacus vomit des flammes et de la fumée sur son ennemi, qui le tua bientôt de ses traits infaillibles. Personne qui ne puisse se rendre compte de la formation de cette histoire : c’est simplement une autre version des fables nombreuses qui disent le conflit des cieux et du soleil avec les puissances de la nuit et des ténèbres, Récaranus qui tue le monstre, comme Sancus, dont le nom était inscrit également sur l’Ara maxima ou le grand autel d’Hercule, n’est autre chose que Jupiter, appelé ainsi parce qu’il était le faiseur ou le créateur : le mot de Récaranus se rattache enfin, ainsi que l’ont pensé plusieurs mythographes, à Cérès.