Page:Mallarmé - Les Dieux antiques.djvu/188

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d’aller invisible, et un sac où mettre la tête de Méduse ; puis les sandales d’or d’Hermès qui l’emporteraient plus prompt qu’un rêve sur la trace des sœurs Gorgones. Armé de la sorte, Persée s’approcha de la demeure de la Gorgone ; et pendant le sommeil des trois sœurs, l’épée infaillible frappa et acheva la funeste vie de Méduse. Quand les immortelles Gorgones s’éveillèrent et virent l’une d’elles assassinée, elles s’élancèrent, dans une poursuite folle, après Persée ; mais avec la coiffure d’Hadès, il voyagea invisible ; et les sandales d’or le portèrent comme un oiseau par les airs. Il alla devant lui jusqu’à ce qu’il entendît une voix lui demander s’il avait apporté la tête de Méduse. C’était la voix du vieillard Atlas, supportant de ses épaules les piliers des cieux, à qui il tardait d’être soulagé de son terrible labeur. À sa prière, Persée lui montra la face de la Gorgone ; et les membres rudes du vieillard se raidirent aussitôt, comme les arêtes aux flancs d’une colline ; sa chevelure éparse ressembla à la neige qui couvre un sommet de montagne. Persée se dirigea vers la terre des Hyperboréens, qui ne connaissent ni jour ni nuit, ni orage, ni sécheresse, ni la mort ; mais vivent joyeusement parmi de beaux jardins, où les fleurs ne se fanent et ne disparaissent jamais. Le héros ne séjourna pas longtemps dans cette terre heureuse ; il se rappela sa mère Danaé, en prison à Sériphos, et, une fois de plus, avec ses sandales ailées, fuit aux bords libyens. Sur un roc, il vit une belle jeune fille enchaînée, un grand dragon s’approchant pour la dévorer. Mais avant que le monstre saisît sa proie, l’infaillible épée l’abattit ; et, ôtant sa coiffure, Persée se tint devant Andromède (fig. 130). On célébra bientôt après