Page:Mallarmé - Les Dieux antiques.djvu/282

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la légende homérique, telle que nous la connaissons, plus classique et plus achevée. Quel est, en effet, le sujet de l’Iliade ? Raconter la colère d’Achille. La cause de cette Fig. 222. — Memnon.
Fig. 223. — Achille.
colère, la voici : Achille aime Briséis, qu’Agamemnon, forcé de rendre Chryséis à son père, enlève de la tente du héros. Achille, furieux, fait le vœu solennel de ne pas prendre part davantage à la guerre, disant aux chefs qu’ils ressentiraient promptement son absence de la lutte. Prédiction qui ne s’accomplit pas tout d’abord, suivant le poème appelé maintenant dans son ensemble l’Iliade : lequel continue et montre, au cours de plusieurs livres, que les héros achéens se passèrent parfaitement d’Achille et obtinrent de grandes victoires sur les Troyens.

Parenthèse. Une conclusion résulte clairement de pareille contradiction, et s’impose : c’est que ce poème de l’Iliade comprend deux poèmes rattachés l’un à l’autre, et que l’un rapporte les exploits des chefs, et est véritablement l’Iliade, tandis que l’autre dépeint la colère d’Achille et serait véritablement l’Achilléide. La colère d’Achille ne s’apaisa point, toutefois, avant que les Achéens se vissent réduits à une très-grande détresse, et obligés de solliciter humblement l’aide du guerrier courroucé, alors en proie à sa terrible manie. Odyssée et d’autres l’abordèrent, Phœnix