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Page:Mallarmé - Les Dieux antiques.djvu/297

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ment léger : dans le cas d’Odyssée, vraiment, le tort se bornait à l’intrusion des prétendants en sa maison. Arrivons à de plus minutieux détails. Tous deux, les héros, ont des armes que, seuls, ils peuvent manier ; tous deux sont aidés par Athéné ; tous deux ont, l’un dans Patrocle, l’autre dans Télémaque, un faible reflet de leur force ; tous deux font vœu d’accomplir une vengeance mortelle, foulent aux pieds et défigurent leur ennemi massacré ; ils ont presque le dessous à un moment de la lutte, et ils ont leur temps de repos et de quiétude après un terrible conflit.

Réflexions faites déjà autre part. Odyssée se sert de flèches empoisonnées, il vise et tue un homme par derrière, sans l’avertir ; il dit des mensonges toutes les fois qu’il sied à son dessein de le faire, il extermine une bande entière de chefs qui ne lui avaient pas fait grand tort, et ensuite pend « comme des moineaux à une corde », dit le poète homérique, une troupe de femmes, simplement parce qu’elles n’ont pas résisté aux demandes des prétendants. Morale de tout ceci : ne persistons point à regarder comme un modèle humain un être dont l’histoire a pris naissance dans les phrases qui sont aussi le fondement de la légende d’Achille.

Quant à Pénélope avec sa toile, elle est la tisseuse, trait commun à elle et à Hélios dans l’histoire de Médée : mais la trame, bien que souvent commencée, ne peut être achevée jusqu’au retour d’Odyssée, en raison de ce fait que la trame des nuages du matin ne reparaît qu’à la tombée du soleil.

Si nous arrivons à la signiflcation des noms, nous verrons que celui d’Odyssée a un sens propre. Quand