que le feu sacré, brûlant sur le foyer public, s’y éteignît
jamais. Si parfois il venait à s’éteindre, soit par négligence,
soit par accident, le devoir était de le restaurer avec du feu
obtenu par le frottement de morceaux de bois entre eux,
enflammés quelquefois encore au moyen d’un verre ardent :
avec du feu ordinaire, jamais. Quand une cité envoyait
de ses hommes établir une colonie, on maintenait le
pacte qui unissait cette colonie et la mère patrie à la
faveur du feu sacré de Hestia, dont le colon emportait
au loin une portion, pour la garder vive à jamais sur
la terre nouvelle. Aussi longtemps que le feu continuait
à brûler, ce groupe sentait qu’un intérêt commun le rattachait
aux citoyens du sol antique et natal. Voyons
encore jusqu’où s’élargit la fonction de Hestia, qui n’est
point limitée aux âtres de la maison et à la cité, ni même
aux bornes de la patrie, car on supposait qu’au centre
de la terre il existe un foyer répondant lui-même au foyer
placé au centre de l’univers total. La déesse y préside.
Vesta. — La Vesta des Latins semble une déité par son nom, de même que par son caractère, identique à la Hestia grecque. Probablement un vestige de l’héritage commun apporté de là par les ancêtres des tribus grecques et latines, patrie où elles avaient vécu autrefois ensemble. Vesta, pour les Romains, représenta toutefois une déesse d’une bien autre importance que Hestia chez les Grecs. Le feu de son autel était gardé par les vierges Vestales, consacrées à ce seul soin ; on sait que si l’une d’elles venait à le laisser éteindre, elle subissait ce supplice horrible d’être enterrée vivante.