Page:Mallarmé - Les Poèmes d’Edgar Poe, maquette, 1888.djvu/113

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


(30




Ah ! brisée est la coupe d’or ! l’esprit à jamais envolé ! Que sonne le glas ! — une âme sanctifiée flotte sur le fleuve Stygien ; et toitoi en romain, Guy de Vere, n’as-tu de larmes ? pleure maintenant ou jamais plus ! Vois ! sur cette morne et rigide bière, gît ton amour, Lénore ! Allons ! que l’office mortuaire se lise, le chant funèbre, se chante ! Une antienne pour la morte la plus royale qui jamais soit morte si jeune — une psalmodie pour elle, morte deux fois parce qu’elle est morte si_jeune !


Misérables ! vous l’aimiez pour sa richesse et la haïssiez pour son orgueil, et quand sa santé chancela vous la bénissiez — parce qu’elle mourait. Comment donc le rituel sera-t-il lu ? — le requiem, chanté — par vous — par toi, l’œil mauvais : par toi, la langue infamante, qui avez causé la mort de l’innocence qui est morte si jeune ? »

(Suivre au verso)
50