Page:Mallarmé - Les Poèmes d’Edgar Poe, maquette, 1888.djvu/120

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Les anges, pas à moitié si heureux aux cieux, vinrent, nous enviant, elle et moi. — Oui ! ce fut la raison (comme tous hommes le savent dans ce royaume près de la mer) pourquoi le vent sortit du nuage la nuit, glaçant et tuant mon Annabel Lee.

Car la lune jamais ne rayonne sans m’apporter des songes de la belle Annabel Lee ; et les étoiles jamais ne se lèvent que je ne sente les brillants yeux de la belle Annabel Lee ; et ainsi, toute l’heure de la nuit, je repose à côté de ma chérie, — de ma chérie, — ma vie et mon épousée, dans ce sépulcre près de la mer, dans sa tombe près de la bruyante mer.

Mais, pour notre amour, il était plus fort de tout un monde que l’amour de ceux qui étaientδ plus âgés que nous ; — de plusieurs plus sages de tout un monde que nous, — et ni les anges dans les cieux là-haut, — ni les démons en basδ sous la mer, ne peuvent jamais disjoindre mon âme de l’âme de la très-belle Annabel Lee.

53