Page:Mallarmé - Notes sur le théâtre.djvu/24

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le dosage très réussi, neuf, fin de la fiction traduite en mise-en-scène.

Je n’affirme pas que je n’en sois, dans cette occasion comme souvent, pour mes intentions et de bonnes volontés. L’œuvre cependant ouvre une échappée hors de la collection du faiseur célèbre : cet échouage promené des débris de tous mondes, c’est poignant, curieux, triste, un comique y éclatera strident et comme retrempé, près les vagues, au rire de nature.

Comme je goûte cette farce de Gotte, aiguë, autant que profonde, sans jamais prendre un ton soucieux vu que c’est trop si déjà la vie l’affecte envers nous, rien n’y valant que s’enfle l’orchestration des colères, du blâme ou peut-être de la plainte : partition ici comme de silence selon un rythmique équilibre dans la structure, tout se répondant, par opposition de scènes contrastées et retournées, d’un acte à l’autre où c’est une voltige, allées, venues, en maint sens, de la fée littéraire unique, la Fantaisie, qui efface d’un pincement de sa jupe, ou montre, une transparence d’allusions répandue sur fond d’esprit, enveloppant dans le tourbillon de joie réalité folle et contradictoire puis la piquant de ses pointes, avant de s’arrêter sur ce sourire qui est le jugement supréme et en dernier lieu de la sagesse parisienne et indéniablement le signe et la séduction de M. Meilhac.

Ainsi dans un ouvrage dramatique savant, réapparaît, visible au regard critique et certain, l’être aux ailes de gaze initial, à qui sont les planches.


M. Becque est sans contredit l’homme à la mode et je ne sais rien d’attrayant que de surprendre le goût public en flagrant délit pour une fois, de clairvoyance :