Page:Mallarmé - Notes sur le théâtre.djvu/34

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déjà aussi dans l’optique idéale, d’une chambre avec tous les éléments familiaux et chers de la vie, on y va bientôt mourir, on y vient presque de naître, plus poignant que de junéviles fiançailles un rapprochement conjugal s’y noua, or tout est vain et ne garde d’intérêt que pour le spectateur. À travers la croisée, impersonnel comme l’être vu de dos, repris déjà par sa folie du dehors et de bruit, s’agite dans quelque harangue, au balcon, inentendue qu’importe, il parle ! gesticule et continue sa fatalité Numa Roumestan : c’est, à l’esprit, dans un au-delà de vitrage et son cadre, jusqu’à l’instant suprême différée la totale apparition de l’incorrigible elle conclut en même temps que se perd le en futur.

Voilà les nouveaux effets, souverains, concis, lumineux, que l’artiste enfin contemporain oppose à un théâtre borné.

Un de ces chuchotements, toujours avec de la vérité, même pour l’imposer à qui en est l’objet la cours que M. Zola commençant une vie, outre la sienne déjà suffisante pour plusieurs, appliquera à rajeunir le théâtre la même façon de puissante recherche et de coups d’intuition qui lui a fait compléter le Roman. Je ne vois pas en dehors des jeux muets de la scène, danse et mime, ou de la Musique y compris la déclamation du Vers, à quoi il ne me semble pas avoir spécialement adonné son instinct sûr de transformateur, que quelqu’un doive en se tenant à aucun genre en exercice rien fonder du tout au tout ; mais j’admire aujourd’hui, ce maître n’y eût-il pas mis la main expressément ou seul, la somme de nouveauté tirée selon lui des moyens existants et presque oblitérés, c’est un procédé irrécusable du génie. Les hommes point gouvernés par une tradition, et qui tentèrent de fuir en l’antérieur, d’après quelque source de beau jaillie de leur pensée, ceux-là ont, concurremment à leur œuvre personnelle, dégagé à l’entour