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poses et la multiplicité de son jeu, semble par elle dévoré tout entier comme si cette fulgurante cause de délice y triomphait jusqu’à l’initiale syllabe ; avant le heurt d’aile brusque et l’emportement, on a pu, cela est même l’occupation de chaque jour, posséder et établir une notion du concept à traiter, mais indéniablement pour l’oublier dans sa façon ordinaire et se livrer ensuite à la seule dialectique du Vers. Lui en dieu jaloux auquel le songeur céda la maîtrise, il ressuscite au degré glorieux ce qui, tout sûr, philosophique, imaginatif et éclatant que ce fût, comme dans le cas présent, une vision céleste de l’humanité ! ne resterait, à son défaut que les plus beaux discours émanés de notre bouche : à travers un nouvel état, pur, il y a recommencement sublime des conditions ainsi que des matériaux naturels de la pensée sis habituellement chez nous pour un devoir de prose, comme des vocables eux-mêmes, après cette différence et l’essor au-delà, atteignant leur vertu.

Personne, ostensiblement, depuis qu’étonna le phénomène poétique, ne le résume avec audacieuse candeur que peut-être un esprit immédiat ou originellement doué, Théodore de Banville et l’épuration, par les ans, de son individualité en le vers, désigne aujourd’hui cet être à part, primitif et buvant tout seul