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Le petit théâtre des Prodigalités adjoint l’exhibition d’un vivant cousin d’Atta Troll ou de Martin à sa féerie classique la Bête et le Génie ; j’avais, pour reconnaître l’invitation du billet double hier égaré chez moi, posé mon chapeau dans la stalle vacante à mes côtés, une absence d’ami y témoignant du goût général à esquiver ce naïf spectacle. Que se passait-il devant moi ? rien, sauf que : de pâleurs évasives de mousseline se réfugiant sur vingt piédestaux en architecture de Bagdad, sortaient un sourire et des bras ouverts à la lourdeur triste de l’ours : tandis que le héros, de ces sylphides évocateur et leur gardien, un clown, dans sa haute nudité d’argent, raillait l’animal par notre supériorité. Jouir comme la foule du mythe inclus dans toute banalité, quel repos et, sans voisins où verser des réflexions, voir l’ordinaire et splendide veille trouvée à la rampe par ma recherche assoupie d’imaginations et de symboles. Étranger à mainte réminiscence de pareilles soirées, l’accident, le plus neuf ! suscita mon attention : une des nombreuses salves d’applaudissements décernées selon l’enthousiasme à l’illustration sur la scène du privilège authentique de l’Homme, venait, brisée par quoi ? de cesser net, avec un fixe fracas de gloire