Aller au contenu

Page:Mallarmé - Vers et prose.djvu/17

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.




LES FLEURS


Des avalanches d’or du vieil azur, au jour
Premier, et de la neige éternelle des astres
Jadis tu détachas les grands calices pour
La terre jeune encore et vierge de désastres,

Le glaïeul fauve, avec les cygnes au col fin,
Et ce divin laurier des âmes exilées
Vermeil comme le pur orteil du séraphin
Que rougit la pudeur des aurores foulées,

L’hyacinthe, le myrte à l’adorable éclair
Et, pareille à la chair de la femme, la rose
Cruelle, Hérodiade en fleur du jardin clair,
Celle qu’un sang farouche et radieux arrose !