Aller au contenu

Page:Mallarmé - Vers et prose.djvu/21

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.




L’AZUR


De l’éternel Azur la sereine ironie
Accable, belle indolemment comme les fleurs,
Le poëte impuissant qui maudit son génie
À travers un désert stérile de Douleurs.

Fuyant, les yeux fermés, je la sens qui regarde
Avec l’intensité d’un remords atterrant
Mon âme vide. Où fuir ? et quelle nuit hagarde
Jeter, lambeaux, jeter sur ce mépris navrant ?

Brouillards, montez, versez vos cendres monotones
Avec de longs haillons de brume dans les cieux
Que noiera le marais livide des automnes
Et bâtissez un grand plafond silencieux !