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La nature contient les éléments, en couleur et forme, de toute peinture, comme la portée contient les notes de toute musique.

Mais l’artiste est né pour en sortir, et choisir, et grouper avec science, les éléments, afin que le résultat en soit beau — comme le musicien assemble ses notes et forme des accords — jusqu’à ce qu’il éveille du chaos la glorieuse harmonie.

Dire au peintre qu’il faut prendre la nature comme elle est, vaut de dire au virtuose qu’il peut s’asseoir sur le piano.

« La nature a toujours raison » est une assertion artistiquement aussi controuvée, que la vérité en est universellement prise pour argent comptant. La nature a très rarement raison, à tel point même, qu’on pourrait presque dire que la nature a habituellement tort : que l’état de choses nécessaire pour grouper une perfection d’harmonie digne d’une peinture est rare ; ou, pas commun du tout.

Cela va sembler, même aux plus intelligents, une doctrine presque blasphématoire. Si incorporé avec notre éducation est devenu l’aphorisme en question, que la croyance à sa véracité passe pour faire partie de notre être moral et les mots eux-mêmes ont à notre oreille, un son de religion. Pourtant la nature réussit rarement à produire un tableau.

Le soleil resplendit, le vent souffle d’est, le ciel est vide de nuages, et, au dehors, tout est de fer. Les vitres du