Aller au contenu

Page:Malleson - Histoire des Français dans l’Inde.djvu/146

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
126
LA BOURDONNAIS ET DUPLEIX

capitulation qu’ils ont signée m’est restée sans qu’ils aient songé à m’en demander un double. »

Deux jours après, il rédigea un long rapport dans lequel il discute toute la question au point de vue de l’avenir. Ce document commence ainsi : « Enfin Madraz est aux Français. Les conditions auxquelles cette ville s’est rendue à moi, la mettent pour ainsi dire à ma discrétion. Cependant il y a une sorte de capitulation signée du Gouverneur dont ci-joint est copie. Elle ne fait, comme vous voyez, qu’autoriser les droits que j’ai sur le sort de cette place. »

Il ressort de ces extraits et de la teneur de la capitulation elle-même, que Madras s’était rendu à discrétion ; que la ville, le fort et tout ce qu’ils renfermaient étaient devenus propriété française. Il est évident également, qu’il y eut quelque débat entre La Bourdonnais et les députés anglais à l’égard d’une rançon, mais que, finalement, on résolut de régler ultérieurement la question[1].

  1. La Bourdonnais décrit ainsi dans ses Mémoires, l’engagement qu’il a pris au sujet d’une rançon : « Le lendemain 21, les députés revinrent pour la seconde fois et convinrent enfin de se rendre aux conditions qui leur avaient été proposées la veille, c’est-à-dire movfuuant la faculté de racheter leur ville. Sur-le-champ on dressa les articles de la capitulation ; le sieur Hally-Burton les porta au Gouverneur qui, les ayant examinés, les renvoya par le même sieur Hally-Burton, avec ordre de représenter à M. La Bourdonnais que le Gouverneur ni le Conseil ne devaient pas être prisonniers de guerre dans le temps qu’il serait question du rachat. Sur cette représentation, le sieur La Bourdonnais qui désirait que le Gouverneur et le Conseil restassent prison niers de guerre jusqu’au moment où ces conditions seraient convenues, se contenta d’assurer les Députés qu’il donnerait un acte de liberté au Conseil et au Gouvernement dès qu’ils seraient d’accord avec lui sur la rançon. Les Députés ayant alors demande que cette proposition fût insérée dans la capitulation, le sieur de La Bourdonnais y consentit et il en a été fait un article. Entin, les Députés reportèrent la capitulation au Gouverneur qui la signa. En la rapportant, ils demandèrent encore au sieur de La Bourdonnais sa parole, pour surcroît de la promesse du rachat. « Oui, Messieurs, dit-il, je vous renouvelle la promesse que je vous ai faite hier de vous remettre votre ville, moyennant une rançon dont on conviendra à l’amiable ; et d’être raisonnable sur les conditions. — Vous nous en donnez donc votre parole d’honneur, répondirent les Députés. — Oui, dit-il, je vous la donne et vous pouvez compter qu’elle sera inviolable. — Eh bien, répliquèrent les deux Anglais, voici la capitulation signée de M. le Gouverneur, vous êtes le maître d’entrer dans la ville quand il vous plaira. »

    En lisant les Mémoires de La Bourdonnais on doit toujours avoir présent à l’esprit : 1o Qu’ils ont été écrits quelque temps après les événements racontés ; 2o qu’il les a écrits dans le but de se disculper de quelques accusations spéciales portées contre lui. Or, la question de la rançon et celle de savoir si un engagement avait été pris par lui au moment de la reddition formaient une de ces accusations. — Par conséquent il ne faut lire le récit de La Bourdonnais qu’avec la plus grande reserve. La correspondance officielle du temps est un guide beaucoup plus sûr : nous avons donné le texte de toutes les dépêches relatives à la reddition. D’après cela nous voyons qu’il n’est fait