Aller au contenu

Page:Malleson - Histoire des Français dans l’Inde.djvu/172

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
152
LA BOURDONNAIS ET DUPLEIX

Quatre jours plus tard, quand il connut toutes ses pertes, il exprimait encore des espérances pour l’avenir, se proposant d’hiverner à Goa et d’y réparer ses avaries, tandis que la partie de la flotte qui n’avait pas soufl’ert demeurerait à Achem sous la protection de Pondichéry. Il ajoutait ensuite : « Mon parti est pris sur Madraz ; je vous l’abandonne[1], je signe la capitulation ; c’est à vous à tenir ma parole. Au reste, je suis si dégoûté de ce malheureux endroit que je voudrais pour un bras n’y avoir jamais mis les pieds. Il nous en coûte trop cher. »

Le lendemain, il signale traité ; ce même traité que le 11 et : le 12 il avait envoyé à Pondichéry et dont quelques articles avaient provoqué les objections du Conseil. Il le signa, établissant dans le préambule qu’il agissait ainsi parce que le Conseil de Pondichéry, dans des conventions signées le 13 et dans une lettre du 14[2], s’était engagé à exécuter les termes de la capitulation.

Ayant ainsi, par un acte non autorisé et que les circonstances rendaient déshonorant, mis un terme à cette rivalité et réussi, nous voudrions le taire, à assurer ses projets secrets, c’est-à-dire la remise de la somme ajoutée à la rançon, La Bourdonnais assembla les Conseillers anglais, leur donna lecture du traité dans les deux langues et reçut leur adhésion à son contenu ; puis le Gouverneur Morse et cinq de ses Conseillers[3] y apposèrent leurs signatures. Le traité fut envoyé le même jour à Pondichéry par La Bourdonnais, avec l’avis aux membres du Conseil qu’il les rendait

  1. Il est nécessaire de faire remarquer que ceci ne fut écrit qu’après que La Bourdonnais eut fait de vains efforts pour ranger sous ses ordres les capitaines du Centaure, du Mars et du Brillant qui venaient d’arriver. Ils refusèrent en alléguant les instructions qu’ils avaient reçues de se mettre sous les ordres et à la disposition du Gouverneur général et du Conseil de Pondichéry. La Bourdonnais à Messieurs du Conseil suprême de Pondichéry, 18 octobre 1746.
  2. Dans une note de la page 149, nous avons donné l’extrait des parties les plus importantes de cette lettre. Si le lecteur veut bien s’y reporter, il reconnaîtra que bien loin de donner à La Bourdonnais l’autorisation d’accéder aux termes énoncés, elle repoussait deux des plus importantes conditions, qui cependant ont été maintenues dans le traité que La Bourdonnais signa, appuyé, dit-il, sur cette lettre. Dans ses Mémoires, La Bourdonnais déclare que les lettres antérieures de Dupleix consentaient en termes généraux, et l’autorisaient à agir de la sorte. Mais pourquoi donc ne les a-t-il pas citées dans son préambule ?
  3. M. Grose, qui était contemporain et naturellement partisan des intérêts anglais, a écrit : « Si les Français n’avaient pas pertidement rompu leur engagement, le prix de la rançon aurait été une circonstance très-favorable pour la Compagnie anglaise. » Sans doute, et c’est bien pour cela que Dupleix s’y opposa, mais on ne doit pas dire qu’il rompit un engagement puisqu’il n’en avait pris aucun.