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LA BOURDONNAIS ET DUPLEIX

se rendraient à Achem pour y rester jusqu’au 20 ou 25 décembre, époque du départ de la flotte pour Paliacate ; ensuite, si l’état de la mer le permettait, ils iraient de là à Madras. Ces ordres furent adressés, cachetés, à Dordeliu. Il ne paraît pas que ni lui, ni les capitaines sous ses ordres, aient été des hommes d’énergie et d’initiative ; et l’autorité en présence de laquelle ils se trouvèrent bientôt, exerça sur leur nature faible une puissance irrésistible. Ils n’avaient pris la mer que depuis peu d’heures, lorsqu’ils reçurent une lettre de La Bourdonnais les informant de son départ de Madras et leur enjoignant de longer la côte afin de le rejoindre. Ils ouvrirent aussitôt leurs ordres cachetés et se trouvèrent dans une extrême perplexité. Il leur était difficile de discerner à qui ils devaient l’obéissance. Pendant qu’ils hésitaient, ils furent ralliés par l’escadre de La Bourdonnais. Son esprit audacieux et déterminé eut bientôt tranché la question. Il prit le commandement de l’escadre réunie, et ordonnant aux capitaines de l’accompagner, il continua sa route pour Pondichéry. Le 27, il jetait l’ancre en rade.

À peine fut-il revenu devant cette ville que la lutte recommença entre les deux chefs. Il entrait dans le plan de La Bourdonnais de rassembler l’escadre sur la côte de Malabar et cette combinaison était bonne. Pendant que les vaisseaux en bon état feraient une croisière dans la mer d’Arabie, il conduirait les autres dans le port neutre de Goa, les y ferait complètement réparer ; puis, achetant d’autres bâtiments à Goa et à Surate, il réunirait toute la flotte et reviendrait sur la côte de Coromandel avec des forces suffisantes pour coolrebilancer celles des Anglais. Mais pour exécuter ce plan, il fallait mettre à contribution toutes les ressources de Pondichéry.

Il voulait lui emprunter tous ses soldats, ses plus forts canons, une grande partie de ses munitions, et ce qui pouvait être resté dans ses magasins dégarnis. En un mot, il demandait à Pondichéry d’assumer tous les risques qui pouvaient résulter de sa croistère et de demeurer pendant ce temps entièrement exposé aux attaques de l’ennemi. Il était tout entier à ses projets et pressait instamment Dupleix de les épouser. « Aidez-moi, dit-il, avec le même zèle que