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TROUPES ANGLAISES AU SERVICE DE SAHODGI

leur puissance en péril dans les neiges de l’Afghanistan[1]. Depuis le bannissement de Saliodgi, Tanjore avait joui d’un calme et d’une prospérité qu’elle n’avait pas connus sous son règne. Mais la triste expérience des grandeurs, les dangers qu’il avait courus, l’envahissement de son palais par ses ennemis qui s’étaient emparés de lui au milieu même de ses gardes, rien n’avait pu éteindre dans le cœur de ce prince la soif de régner, ni le décider au repos. Pour ressaisir le trône et se plonger de nouveau dans cette existence sensuelle, objet de ses regrets, il était prêt à risquer sa vie, à consentir même au démembrement de son pays.

Quand donc la réunion à Aix-la-Chapelle des plénipotentiaires eut amené la suspension d’armes, Sahodgi, qui avait eu des preuves de la supériorité des Européens sur les soldats indigènes, résolut de se procurer l’aide de ces guerriers redoutables. Il comprit bien qu’il s’adresserait inutilement aux Français : il les avait trompés en 1738, et depuis cette époque ils avaient vécu en bons termes avec son successeur Pertab-Singh.

Il n’avait de chances de réussir qu’auprès des Anglais ; il leur adressa donc sa requête ; ses propositions furent très-larges, et le Gouverneur, embarrassé de soldats inactifs, se laissa tenter par l’appât qui lui était offert. Ses troupes devaient être entièrement défrayées tant que durerait la guerre, et la ville de Dévicotta, située près de l’embouchure du Coleron, à cent vingt-deux milles au Sud de Madras, leur serait cédée avec tout son territoire. Cette proposition fut accueillie avec empressement, et au commencement d’avril 1749, quatre cent trente Européens et mille Cipayes partirent sous la conduite du capitaine Cope, pour aller rétablir le rajah Sahodgi sur le trône de ses ancêtres.

Voulant nous borruer à écrire l’histoire des Français dans l’Inde, nous ne suivrons les mouvements des Anglais que lorsqu’ils auront dû exercer quelque influence sur les actes de leurs rivaux. Aussi

  1. Quoique cette coutume se soit modifiée, elle existe encore en un certain sens, et on doit le regretter. Ce n’est plus, il est vrai, au Gouverneur général de l’Inde anglaise que s’adressent les rajahs et les nababs renversés des trônes que souillaient leurs vices. Ils font acheter en Angleterre les hommes disposés à se vendre, et sacrifient ainsi des sommes énormes, qu’en d’autres temps, ils auraient employées dans leur pays au grand avantage de leurs propres sujets.