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L’INDE FRANÇAISE À SON ZÉNITH

y renonçât légèrement. Peu leur importait qu’elle leur fût remise par Sahodgi ou par Pertab-Singh : ils étaient déterminés à en devenir possesseurs à quelque prix que ce fût ; dans ce but désormais avoué, ils mirent de côté Sahodgi et envoyèrent une seconde expédition composée de huit cents Européens et de quinze cents Cipayes sous le commandement du major Lawrence.

Sans nous appesantir sur les détails de cette entreprise, nous nous bornerons à dire qu’elle fut couronnée de succès. Dévicotta fut emporté d’assaut après une brillante défense, et Pertab-Singh voulant éviter de nouvelles hostilités et désirant s’assurer désormais l’alliance des Anglais contre Chunda-Sahib, qu’il regardait comme le plus dangereux ennemi du royaume de Tanjore, consentit à leur céder cette forteresse avec un territoire assez étendu pour produire un revenu annuel de trente-six mille roupies. Les Anglais s’engagèrent de leur côté à abandonner la cause de Sahodgi et même à le garder en surveillance à Madras, moyennant une pension viagère de quatre mille roupies. Tel fut le résultat qu’il obtint de son alliance avec une puissance européenne.

Les Anglais étaient tout occupés de leur récente conquête lorsque leur parvint la nouvelle du succès de Chunda-Sahib à Ambour. Ils se hâtèrent de lui envoyer leur reconnaissance à Arcate. Cependant la pensée de sa visite à Pondichéry, le séjour prolongé qu’il y avait fait, l’intimité qui régnait entre Dupleix et lui, les empêchèrent de fermer complètement l’oreille aux sollicitations de Mahomed-Ali, quelque minces que fussent ses chances de succès. Ils voulurent connaître la marche que suivrait Chunda-Sahib avant d’arrêter le parti qu’ils devaient prendre. Le voyant demeurer oisif à Pondichéry, sans faire aucune démonstration contre son rival, ils devinrent de plus en plus incertains.

L’amiral Boscawen était personnellement désireux de soutenir Mahomed-Ali, et il n’attendait qu’une demande officielle pour rester sur la côte. Mais M. Floyer, le Gouverneur, refusa d’entrer dans une voie qui obligerait la Présidence à prendre fait et cause pour un prétendant in extremis. Il laissa donc partir l’amiral le Ier novembre, après en avoir reçu un renfort de trois cents hommes qui s’ajoutèrent à la garnison.