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Page:Malleson - Histoire des Français dans l’Inde.djvu/227

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CONCESSIONS DU RAJAH DE TANJORE

Dupleix, insista pour que Chunda-Sahib, au lieu de perdre son temps en vaines négociations obtint, par force, satisfaction à sa demande. C’était sans aucun doute la seule marche à adopter. Chunda-Sahib qui ne voulait que l’argent et croyait le rajah disposé à payer, supplia Duquesne de s’abstenir de toute hostilité pendant la durée des négociations. Mais il avait en Pertab-Singh un adver saire plus rusé que lui, et par lequel il se laissa leurrer pendant six semaines sans arriver à aucun résultat. En vain Dupleix lui représentait les avantages devant résulter de la prise de Trichinopoly et les dangers d’une temporisation qui donnait à Mahomed-Ali le temps de se fortifier, et à Nazir-Jung celui de couper ses communications. Chunda-Sahib était si infatué de ses négociations qu’il ne tenait aucun compte de ces avis. Enfin Dupleix, voyant grossir l’orage et craignant, non-seulement le renversement de ses espérances mais encore de graves dangers pour les intérêts français, fit parvenir à Duquesne l’ordre positif de couper court aux négociations par une attaque sur Tanjore. Duquesne obéit, et ses mesures énergiques eurent un effet décisif. Le 26 décembre, il s’empara de trois redoutes placées à six cents mètres de la ville ; après trois jours de pourparlers aussi inutiles que les précédents, il assaillit et enleva une des portes de la ville. Le rajah fut tellement intimidé qu’il céda aussitôt, et le 31, il signa un traité par lequel il prenait entre autres engagements, celui de payer à Chunda-Sahib et à Mozuffer-Jung sept millions de roupies, de faire remise à la Compagnie française d’une rente annuelle de sept mille roupies qu’elle lui payait ; d’ajouter aux possessions françaises de Karical, un territoire comprenant quatre-vingt-un aidées ; et enfin de distribuer aux troupes françaises deux cent mille roupies. D’un autre côté, Nazir-Jung avait eu le temps de rassembler une armée considérable et s’était mis en marche pour aller châtier son neveu. Par l’intermédiaire des Anglais, le rajah de Tanjore en avait reçu quelque avis, aussi avait-il recours à tous les artifices pour retarder le payement. Ainsi comme à-compte sur la somme convenue, il envoyait tantôt de la vaisselle plate, tantôt de la monnaie hors cours, ou des bijoux et des pierres précieuses, et par ce moyen il retint encore Chunda-Sahib sous ses murs pendant plusieurs semaines. Enfin ce ne fut