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L’INDE FRANÇAISE À SON ZÉNITH

commandant de l’armée française l’ordre de suspendre les hostilités jusqu’à de nouvelles instiuclions. Mais ses ordres arrivèrent trop tard, M. de la Touche, à qui était échu le commandement en l’absence de d’Auteuil, retenu par la goutte, ayant reçu des conspirateurs le signal auquel il devait marcher. Ceux-ci avaient eu connaissance de la lettre adressée à Dupleix, et avaient craint, avec raison, de voir anéantir tous leurs projets si l’on différait d’agir. De là, cette soudaine résolution d’en venir à un éclat et l’appel au général français pour qu’il jouât son rôle. De la Touche, ignorant les négociations qui se renouaient à Pondichéry, n’hésita pas. Conformément aux instructions qu’il avait reçues pour agir, au cas où il serait prévenu par les conjurés, il partit de Gingi dans la nuit du 15 décembre, à la tête de huit cents Européens, trois mille Cipayes et dix canons, et guidé par un indigène, que lui avaient envoyé les conjurés, il se dirigea vers le camp du soubab. Après une marche de seize milles, de la Touche arriva à quatre heures du matin en vue de l’ennemi. Les postes avancés qui donnèrent l’alarme furent bientôt dispersés et de la Touche se trouva, avec ses trois mille hommes, en face d’une armée qui en comptait plus de vingt-cinq mille. En manœuvrant habilement ses canons, il réussit d’abord à tenir l’ennemi en respect, puis à jeter le désordre dans les masses de cavalerie qui menaçaient sans cesse de le charger. Il ne les eut pas plus tôt dispersées qu’il fît avancer son infanterie et, après un combat acharné, resta maître du terrain. À peine avait-il obtenu ce résultat, qu’il vit s’avancer vers son flanc gauche un corps d’environ vingt mille hommes. À cette vue les Français commencèrent à désespérer du succès, mais bientôt ils éprouvèrent une grande joie en reconnaissant le drapeau français porté par un éléphant qui marchait en avant, et peu d’instants après de la Touche reçut, par un messager de Mozuffer-Jung, la nouvelle que le complot avait parfaitement réussi.

Nazir-Jung, se reposant sur les pleins pouvoirs dont il avait muni ses députés auprès de Dupleix, ne voulait d’abord pas croire à une attaque des Français. Quand il ne put conserver de doutes, il chargea ses généraux de repousser « cette folle équipée de Français ivres, » tandis que, monté sur sun éléphant, il se plaçait au milieu