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LEUR TRAFIC AVEC L’ORIENT

dans laquelle les guerres civiles et les guerres étrangères désolaient alternativement le pays n’était guère favorable au développement du commerce avec les contrées lointaines. Cependant, malgré l’agitation des temps et les vices inhérents au gouvernement, des aspirations vers le commerce étranger se manifestèrent de bonne heure chez les Français. En 1503, sous Louis XII, deux navires, affrétés par des marchands de Rouen furent expédiés vers les mers de l’Inde, mais on n’eut jamais de nouvelles de cette expédition partie du Havre dans le courant de l’année. Le successeur de Louis XII, François Ier adressa à ses sujets, en 1537 et 1543, des proclamations pour les exhorter à entreprendre des voyages de long cours, et leur exposa les avantages pécuniaires et nationaux qu’ils pourraient recueillir en suivant ses conseils. Mais l’histoire du règne de François Ier n’est remplie que du récit des guerres qui épuisèrent la France et l’empêchèrent de répondre aux appels du roi. Probablement les dissensions civiles qui occupèrent constamment le règne de Henri III neutralisèrent tout l’effet qu’aurait pu avoir, dans un temps plus calme, un édit que ce prince promulgua le 15 septembre 1578 dans le même but que ceux de son grand-père. Le règne prospère d’Henri IV fit naître de nouvelles perspectives. Le 1er juin 1604 une Compagnie fut autorisée par lettres patentes du roi lui accordant le privilège du commerce exclusif de l’Inde pendant un laps de quinze ans. Mais quoiqu’on se fût assuré les services de Gérard Leroy, navigateur flamand qui avait déjà fait aux Indes plusieurs voyages pour le compte des Hollandais, la mésintelligence entre les associés et la pénurie des fonds entravèrent l’action de la Compagnie qui n’eut aucun résultat. Sept ans plus tard, sous Louis XIII, le projet fut repris, mais les mêmes causes produisirent les mêmes effets ; enfin, en 1615, deux négociants de Rouen, indignés de l’inaction de la Compagnie, pétitionnèrent auprès du roi, pour obtenir le transfert des privilèges qui lui avaient été accordés, affirmant qu’ils étaient prêts à équiper des navires dans l’année même. La Compagnie fit opposition à cette pétition et le roi, après avoir entendu les arguments des deux côtés, se décida en faveur d’une association entre les parties opposées, et cet arrangement ayant été conclu, il publia le 2 juil-