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MAHOMED-ALI OFFRE DE SE SOUMETTRE

Trichinopoly et ses dépendances, à condition qu’il serait mis en possession des trésors laissés par son père, sans qu’aucune enquête fût faite sur son administration, et que le soubab s’engagerait à lui donner un autre gouvernement dans le Décan. Dupleix fit bon accueil à ces offres, et chargea l’envoyé d’informer Mahomed qu’il les acceptait. Il en résulta entre Dupleix et Mahomed-Ali une correspondance, dans laquelle celui-ci exprima un ardent désir de se réconcilier avec le soubab.

Cette importante affaire paraissant prendre une tournure satisfaisante, Mozuffer-Jung ne douta pas que la paix ne fût durable dans le Carnate, et il informa Dupleix de son désir de visiter sa capitale et le Nord du Décan, afin d’y consolider son pouvoir et d’y régler des affaires qui, par suite de la guerre, étaient dans un grand désordre ; mais en même temps il représenta que, pour accomplir ce voyage avec sûreté et succès dans des provinces qui, naguère encore, lui étaient hostiles, il lui serait fort utile d’être accompagné par un corps de troupes françaises sur lesquelles il pût compter. Il se chargerait de toutes les dépenses concernant ces troupes, et ajoutait qu’il ne les renverrait pas sans leur avoir donné, ainsi qu’à la Compagnie, des marques réelles de sa reconnaissance.

Cette demande entrait parfaitement dans les vues de Dupleix. Elle le garantissait contre tout revirement de politique dans les conseils du soubab. Il devenait ainsi officieusement maître du Décan, gouvernant l’Inde méridionale par l’intermédiaire du représentant du Mogol. Il consentit donc à ce qui lui était demandé, d’autant plus volontiers que tout était à la paix du côté de Mahomed-Ali. D’autre part, il était enchanté de saisir l’occasion qui s’offrait de décharger sa caisse de l’entretien d’une partie de ses troupes, et il convint d’envoyer avec le soubab, jusqu’à Aurungabad, sa capitale, un corps de trois cents Européens et deux mille Cipayes dont il donna le commandement à de Bussy. Pour une telle entreprise, et du reste pour n’importe quelle opération, politique ou militaire, il ne pouvait faire un meilleur choix ; mais d’Auteuil était encore retenu par la maladie, et de la Touche était retourné en France, de sorte que le départ de Bussy privait