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DUPLEIX AUX PRISES AVEC L’ADVERSITÉ

de trois cents pieds, portant au sommet une pagode qui, dit le colonel Lawrence, fut d’une grande utilité pendant la guerre. Un homme, muni d’un télescope, y était continuellement posté, et par signes ou par écrit, nous tenait au courant des mouvements de l’ennemi[1]. Il faut ajouter que la ville est éloignée de la côte d’environ quatre-vingt-dix milles ; comme nous l’avons dit, le Cauveri coule au Nord-Ouest ; un peu plus bas, à un mille du Cauveri, est la pagode de Seringham, puis encore un peu au-dessous passe la branche du Cauveri appelée Coleron.

Ainsi que nous l’avons vu, les Français avaient pris position à l’Est de la ville, et avaient ouvert le feu. Avant qu’ils eussent pu avancer beaucoup le siège, d’Auteuil, que la goutte rendait absolument incapable d’agir fut, sur sa demande, relevé de son commandement et retourna à Pondichéry. Il eut pour successeur Law, le neveu du financier écossais, revenu tout récemment de France avec de chaudes recommandations des Directeurs. Nous l’avons déjà vu, lors de l’attaque de Pondichéry par Boscawen, chargé de la défense de l’avant-poste d’Ariancopan, dans lequel il fit preuve d’énergie et de vigueur. Ses sernces passés et la réputation dont il jouissait alors étaient bien de nature à inspirer à Dupleix les espérances qu’il fonda sur cette nomination. Un cruel désappointement lui était, hélas ! réservé. Le capitaine Law fut un nouvel exemple de ces qualités apparentes qui voilent un jugement faux, de cette confiance de soi-même qu’on prend à tort pour l’indice de la capacité sur le champ de bataille.

Néanmoins, au commencement de ses opérations, Law ne parut pas manquer d’énergie. Lorsqu’il vit que les Anglais étaient résolus à défendre Trichinopoly jusqu’au bout, et que, par la nature de ses défenses extérieures, la ville était à l’abri d’un assaut, il résolut de tirer parti de la possession du pays environnant que lui donnait la récente victoire des Français, pour soumettre la ville à un étroit blocus. Tout semblait favoriser ce plan. La majeure partie des troupes anglaises était enfermée dans Trichinopoly ; le peu qui tenait encore la campagne ne pouvait lutter avec les Français sur

  1. Cette description est tirée d’un récit de la guerre par le colonel Lawrence.