traversa le Cauveri et le Coleron dans la nuit du 17 avril, et, le lendemain matin, prit position au village de Samiavéram, à neuf ou dix milles de Seringbam, sur la route directe de ce lieu à Pondichéry. Ce mouvement, bien conçu, dut son succès autant à la faiblesse et à l’indolence du vaincu qu’au courage du vainqueur. Si Law avait eu le mérite de Clive, avec quel empressement n’aurait-il pas saisi l’occasion qui se présentait de mettre les Anglais dans la position où ceux-ci allaient placer les Français ? il pouvait traverser le Coleron, et les envelopper entre Seringham d’un côté et d’Auteuil de l’autre. Mais le bon sens et l’intelligence manquaient complètement dans les conseils de Law, et il agissait comme s’il n’avait qu’un but, celui de se livrer avec ses alliés, pieds et poings liés, à son ennemi.
D’Auteuil, qui avait quitté Pondichéry le 10 avril, arriva le 25 à Ootatoor, à quinze milles Nord de Samiavéram. Là il apprit l’état des affaires : que Law était claquemuré dans Seringham, et qu’entre Law et lui, se trouvait Clive avec des forces imposantes. Quoique vieux, infirme, goutteux, d’Auteuil avait conservé assez d’énergie morale pour ne pas se laisser décourager par ces nouvelles. Il avait été envoyé expressément pour secourir Law, et il ne pouvait l’abandonner à lui-même sans avoir du moins tenté un effort en sa faveur. Il résolut de faire un circuit pour éviter Samiavéram, afin de gagner le Coleron sans être inquiété par l’ennemi. Il fit prévenir Law de la marche qu’il adoptait ; par malheur, un de ses messagers fut capturé par Clive.
D’Auteuil, ignorant ce contre-temps, partit dans la soirée du 25, se dirigeant vers le Nord-Ouest ; mais il n’avait encore fait que peu de chemin, lorsqu’il apprit que Clive, ayant eu connaissance de ses mouvements, était en marche pour l’intercepter. Il dut alors se replier sur Ootatoor. Law avait bien reçu d’un autre envoyé l’avis expédié par d’Auteuil, mais en même temps il avait appris le dessein de Clive. Une occasion magnifique s’offrait à lui. En faisant avec toutes ses troupes une marche forcée de dix milles, il pouvait surprendre Samiavéram pendant que d’Auteuil serait occupé avec Clive, et prendre ensuite ce dernier entre deux feux. De toutes les chances qui s’offraient au général français, celle-ci était bien la
