Page:Malleson - Histoire des Français dans l’Inde.djvu/305

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
285
HABILETÉ DE CLIVE

l’armée victorieuse de Lawrence et de Clive ; malgré l’interdiction d’attaquer Pondicliéiy, ceux-ci paraissaient posséder le pouvoir de réduire rétablissement français à sa plus simple expi’ession, de le dépouiller de toute puissance dans le pays et de toute influence sur les indigènes. Or, en leur suscitant des ennemis jusque dans leur camp, Dupleix retarda leur marche sur Trichinopoly, leur rendit impossible toute action décisive, gagna, ce qui lui était le plus nécessaire, du temps, et réussit en moins de deux mois à prendre sa revanche sur les Anglais et à amener leurs plus puissants alliés à transporter leur concours à la colonie française. Sans la précipitation de Kerjean, les avantages gagnés par les Anglais de Trichinopoly allaient être neutralisés.

Ce fut un immense malheur pour Dupleix que, précisément à l’époque où parmi ses officiers subalternes il y en avait tant d’incapables, ses adversaires eussent à leur tête le plus habile capitaine du temps. Les coups hardis de Clive étaient d’autant plus puissants qu’ils ne rencontraient qu’une faiblesse et une indécision incapables de les contre-balancer. De sa main puissante et ferme, Clive avait sapé les fondements de la domination française, inspiré aux soldats anglais une confiance en eux-mêmes qui ne les abandonna plus, et montré au monde que les indigènes bien dirigés et ayant confiance en leurs chefs peuvent faire preuve des qualités qui distinguent les meilleurs soldats, telles que le courage, la constance, l’héroïsme et l’abnégation. Il est certain que, sans lui, aucune diversion n’aurait été tentée sur Arcate ; la garnison anglaise serait demeurée sans courage dans Trichinopoly, ou, ce qui est plus probable, aurait livré la ville aux forces supérieures de Law. Mais ce fut Clive qui brisa le charme de l’invincibilité française, ce fut lui qui le premier apprit à ses troupes et aux natifs du Carnate qu’on pouvait vaincre même les soldats de Dupleix. Il transféra aux troupes anglaises cet amour-propre et cette confiance qui jusque-là avaient été le monopole des Français. Ce fut uu grand malheur pour Dupleix que de rencontrer, pour entraver ses conceptions, un génie aussi guerrier et aussi entreprenant.

Mais, quoique les Français n’eussent pas le dessus dans le Carnate, les victoires qu’ils remportèrent dans les autres parties du