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DE BUSSY JUSQU’EN 1754

enfin l’élévation de son oncle Salabut-Jung[1], l’aîné des fils survivants de Nizam-oul-Moulk. Il nous reste à voir quel héritage était celui dont Salabut-Jung prit possession, les obstacles qu’il rencontra et les difficultés qui semblaient se multiplier à chaque mouvement qu’il faisait. La dignité de soubab n’était pas héréditaire ; la nomination en appartenait à l’empereur de Delhi. Or, à la mort de Nizam-oul-Moulk, le trône impérial échéait à Ahmed-Shah, qui se trouva trop absorbé par ses propres affaires pour donner une grande attention à celles du Décan ; ceci, joint à l’anarchie croissante des règnes suivants, fut cause que la satrapie d’Hydérabad finit par être considérée comme l’apanage de la famille de Nizamoul-Moulk. Les prétendants de la dynastie de Nizam avaient soin d’appuyer leurs prétentions par la publication de firmans réels ou supposés, et ce fut en vertu d’un semblable rescrit qu’à sa mort son fils Nazir-Jung fit valoir ses droits à lui succéder. De son côté, Mozuffer-Jung s’appuyait, pour les lui disputer, sur un acte dont la validité était également douteuse. Quand la mort eut fait disparaître les deux compétiteurs, et que le général français de Bussy eut proclamé soubab le troisième fils de Nizam, « ce prince, raconte M. Orme, ne crut pas prudent de paraître en vue de la capitale avant d’avoir accompli l’antique et pompeuse cérémonie qui consistait à recevoir des mains d’un ambassadeur, se disant envoyé par le grand Mogol, des lettres patentes le nommant vice-roi de toutes les contrées qui avaient été sous la domination de son père. »

Salabut-Jung n’était cependant que le troisième fils du fameux vice-roi. L’aîné, Gazi-Oudin, avait préféré donner un morne aquiescement à Tavénement de son frère Nazir-Jung à la dignité de soubab, plutôt que d’entrer en lutte ouverte avec celui qui avait pris soin de s’assurer du trésor paternel. Mais le temps avait bien changé l’aspect des affaires : Nazir-Jung, Mozuffer-Jung étaient morts ; à leur place régnait Salabut-Jung, élevé au milieu des excès ; efféminé, fainéant, ne sachant pas gouverner, et possédant un trésor à peu près vide. Cet état de chose offrait une occasion bien

  1. Chap. III et VI.