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Page:Malleson - Histoire des Français dans l’Inde.djvu/312

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DE BUSSY JUSQU’EN 1754

dence et celle de ses troupes une forteresse qui, située à l’une des extrémités de la ville, la commandait complètement, il y fit monter ses canons et organisa tout pour qu’au besoin le service fût immédiat. Il établit la plus sévère discipline : aucun soldat ne pouvait sortir de la forteresse qu’à un jour et à une lieure fixes, et jamais sans une permission écrite du commandant. Les infractions à cette discipline étaient suivies de punitions plus ou moins sévères, selon la gravité de la faute. Le résultat fut tel qu’on pouvait le prévoir : il n’y avait ni excès de boisson parmi les soldats, ni querelles, ni rixes avec les habitants de la ville. Les marchandises les plus précieuses et les plus riches étaient journellement placées sous la protection des soldats français. Leur conduite à Aurungabad fut si exemplaire, que les indigènes en vinrent bientôt à les admirer pour leur courtoisie autant qu’ils les avaient craints et estimés pour leur valeur[1].

Pendant longtemps de Bussy ne fut pas favorisé dans ses relations avec le soubab et ses courtisans. Il était impossible qu’un homme aussi perspicace vécût auprès de Salabut-Jung sans reconnaître la frivolité et la faiblesse de sa nature. Il sautait aux yeux que, dans un gouvernement comme celui du Décan, quasi-indépendant, mais que pourtant le puissant empereur de Delhi pouvait à tout moment revendiquer, gouvernement qui, n’ayant ainsi aucune base solide ni permanente, était exposé aux attaques incessantes du pouvoir envahissant des Mahrattes, tout devait dépendre du caractère du prince qui gouvernait.

Si ce prince était faible, incertain, qu’il n’eût pas de ressources en lui-même, pas d’énergie morale pour se diriger, il est clair qu’il devait être le jouet de la fortune, l’instrument d’un esprit supérieur qui aurait accès auprès de lui. De Bussy ayant donc reconnu la nature faible de Salabut-Jung, résolut d’être Tesprit qui devait le conseiller et le dominer. La force qu’il commandait serait l’instrument dont il ferait usage nour arriver à son but. Ce n’était pas qu’il comptât faire prendre à ses troupes une attitude menaçante, il était bien trop sage et avait un jugement trop

  1. Ce récit relatif à de Bussy est puisé dans les Mémoires et la Correspondance de Dupleix, les Histoires de Orme, Wilks, Grant Duff et Seir-Mutakherin.