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DALTON DEMANDE DES SECOURS

importantes pour l’une et l’autre des nations rivales qui étaient aux prises dans l’Inde. Nous verrons le génie de ces deux peuples se reproduire sous la forme qui, depuis des siècles, est particulière à chacun d’eux. La témérité des Français, leur activité, leur courage, leur dévouement ne seront pas moins remarquables que l’opiniâtreté, la persévérance, le sang-froid et l’intrépidité que déployèrent les Anglais dans les circonstances difficiles. Nous n’aurons pas moins à admirer l’adresse, la flexibilité de Dalton, ou la vigueur et la présence d’esprit de Lawrence, que les talents d’Aslruc ou l’impétuosité de Mainville. Au début, les Anglais avaient l’avantage sur un seul point, mais il était essentiel : leurs soldats européens étaient plus nombreux ; ils avaient pris part à ces combats qui se terminèrent par la capitulation de Law ; ils avaient servi avec Clive et Lawrence et avaient appris sous leur habile commandement à se regarder comme invincibles. Les soldats français étaient non-seulement moins nombreux, mais depuis plusieurs mois ils étaient découragés par leurs défaites et n’avaient plus de confiance dans les officiers qui les commandaient.

La campagne s’ouvrit le 3 janvier par une tentative de Dalton pour attirer, de nuit, les Mysoriens et les Mahrattes hors de Seringham et les envelopper. Les surprises de nuit faites avec des troupes où dominent les indigènes, sont toujours plus ou moins hasardeuses, et celle-ci ne fit pas exception à la règle. Dalton fut d’abord victorieux, mais l’obscurité causa parmi ses troupes une confusion à laquelle les charges répétées des Mahrattes mirent le comble. L’attaque fut donc repoussée et Dalton fut forcé de rentrer dans Trichinopoly avec une perte, en tués ou blessés, de soixante-dix Européens et de trois cents indigènes. Cet officier, sans se laisser abattre par cet échec, s’assura d’abord de l’état des magasins ; il reconnut qu’il n’y avait plus que pour trois semaines de vivres dans Trichinopoly. Il expédia un exprès à Lawrence pour lui demander de secourir la ville, que les ennemis privaient de toute communication. Le régent de Mysore avait réussi à établir huit mille hommes de ses meilleures troupes dans une forte position appelée le bois du Derviche, à quatre milles de Trichinopoly ; Dalton, connaissant le caractère craintif de Virana, leur chef, parvint si bien à l’inquiéter,