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GODEHEU ET DE LEYRIT

Carnate. Il n’en était que plus clair, par cette omission, que les Anglais avaient gagné à ce sujet tout ce qu’ils voulaient. La clause qui interdisait aux deux nations d’accepter aucun emploi ou gouvernement des autorités indigènes était une renonciation formelle de la part de Godeheu à toutes les dignités et aux gouvernements que le soubab avait conférés à son prédécesseur. Le compétiteur français à l’emploi de nabab ayant ainsi abandonné ses droits, à qui incomberait le gouvernement vacant, si ce n’était à son rival Mahomed-Ali ? Depuis cinq ans les Français et les Anglais bataillaient pour ce seul point ; pour le maintenir, Dupleix avait refusé des territoires avantageux qui ne comprenaient pas cette reconnaissance, et avait perdu son poste quasi royal dans le Conseil de Pondichéry. Son successeur y renonça timidement, sans même avoir en échange les avantages qui pouvaient offrir une compensation.

La troisième et la quatrième clause, surtout cette dernière, contenaient des concessions, non-seulement désavantageuses aux intérêts français, mais encore dégradantes pour l’honneur de la France. La troisième, qui prétendait donner à chaque nation des possessions équivalentes sur la côte de Coromandel, était loin de remplir ce but. Karical n’était pas l’équivalent de Devicotta comme ville commerçante. Mais ce qui était pire, ce qui était même insultant, les Anglais, pour étendre cette prétendue égalité sur une autre partie de la côte, proposaient de prendre un district qui appartenait alors à la France, à qui ils laisseraient une petite portion, et dont ils rendraient le reste aux indigènes ; et les Français y consentaient ! Nous voulons parler de la convention de former un établissement qui serait confiné strictement entre Nizampatnam et la rivière Gondecama, à une époque où toute la côte de Nizampatnam à Juggernaut était française. L’alternative proposée d’égaliser les districts de Pondichéry à ceux du fort Saint-Georges et du fort Saint-David, était encore plus déshonorante et plus insidieuse, car elle avait pour effet d’abandonner à jamais, et sans en faire aucune mention spéciale, les districts ou Circars que le génie de Dupleix avait fait gagner à la France.