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CHANDERNAGOR ET LE DÉCAN

connaissait tous les détails. Il les communiqua immédiatement à Salabut-Jung, en colorant des plus noires couleurs le crime commis par de Bussy ; il mit en avant qu’il avait privé le nabab des trésors que la prise de Savanore lui aurait fait gagner, et cela uniquement pour rentrer en possession de l’obligation ; il appela son attention sur ce que, quoiqu’un Français eût été nommé nabab du Décan, les Français n’avaient cependant payé aucune des redevances. Il insinua que le moment était venu de les expulser, maintenant qu’on était en paix avec les Mahrattes, et que Balladgi le soutiendrait dans son entreprise ; il fallait, selon lui, profiter de ce que de Bussy était éloigné des districts cédés^ d’Hydérabad et de Pondichéry. Tous ces arguments, habilement présentés et soutenus par une partie considérable de la noblesse, agirent tellement sur l’esprit faible de Salabut-Jung, qu’on réussit enfin à lui faire signer un ordre destituant de Bussy et son corps de son service, et lui ordonnant de quitter sans délai son territoire. À cela était ajoutée une clause, destinée à n’être pas observée, par laquelle, ils ne devaient pas être inquiétés dans leur retraite, à moins qu’ils ne commençassent les hostilités.

Le premier coup une fois portée Shah-Nawaz ne s’arrêta pas en si beau chemin : il dépêcha un message spécial au gouvernement de Madras pour lui donner tous les détails de ce qu’il avait fait, et presser les Anglais d’envoyer un corps de troupes pour concourir à l’expulsion des Français. Au Peshwa, il fit une proposition d’une nature différente : il suggéra l’assassinat de Bussy.

Ces deux tentatives échouèrent par des causes diverses. Les Anglais, qui n’avaient rien de plus à cœur que l’expulsion des Français du Décan, et qui, au commencement de l’année, avaient envoyé sur la côte de Bombay un corps qu’ils espéraient voir employé par Balladgi contre le soubab, reçurent avec la plus grande joie la requête de Salabut et de son ministre, et leur transmirent aussitôt une réponse favorable. Ils donnèrent donc ordre de tenir trois cents Européens et quinze cents Cipayes prêts à entrer en campagne ; mais à la veille du départ, on reçut la désastreuse nouvelle de la prise de Calcutta, et l’on fut forcé d’envoyer dans cette direction tous les hommes dont on pouvait disposer. Il en résulta que Shah-Nawaz ne reçut aucun secours des Anglais.