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TENTATIVE D’ASSASSINAT SUR LALLY

cent cinquante hommes escortant les malades, les blessés et le matériel de siège, se proposant de partir lui-même, avec le gros de ses forces, dans la soirée du 10.

Le 10, de grand matin, les Tanjoriens, ayant repris courage en apprenant les projets de Lally, attaquèrent son camp à l’improviste. Ils furent repoussés avec de grandes pertes ; mais, pendant le combat, un Jemadar et cinquante cavaliers se portèrent au galop vers la pagode oii Lally était couché, et s’annoncèrent comme déserteurs ; réveillé à leur approche, Lally, sans avoir eu le temps de se vêtir, s’élança vers la porte de la pagode. Mais, dès qu’il les eut rejoints, le Jemadar, au lieu de lui faire sa soumission, le frappa de son sabre. Le général para le coup avec un bâton, mais il était menacé de nouveau, lorsqu’un de ses hommes tua le Jemadar d’un coup de mousquet. Les conspirateurs firent en vain plusieurs charges sur la garde française qui avait pris les armes ; ils furent toujours repoussés et vingt-huit des leurs furent tués. Déconcertés par cette perte, les survivants tentèrent de fuir, mais ayant donné par mégarde dans un marais, ils y périrent jusqu’au dernier.

Dans la nuit suivante, Lally leva le camp, après avoir subsisté deux mois dans le pays. Quant aux espèces, son principal but, il n’en avait obtenu que peu du rajah. Faute de bétail pour traîner les trois pièces de canon qui avaient formé ses batteries de siège, il les encloua sur place et en brisa les trains. Il opéra sa retraite dans le plus bel ordre ; ses troupes furent divisées en deux colonnes_, entre lesquelles s’avançaient les bagages et les transports de malades. Deux pièces de canon les précédaient, et deux autres fermaient la marche ; il ne laissa derrière lui que les trois pièces enclouées. Malheureusement, la faim était la constante hôtesse du camp. Il avait épuisé toutes ses provisions, et la cavalerie de Tanjore l’empêchait de se rien procurer dans le pays. Quand il fit sa première halte, après avoir marché depuis minuit jusqu’à neuf heures du matin, il n’avait rien que de l’eau à donner à ses soldats. Faibles et affamés, il reprirent la route de Trivalore, où des vivres venus de Karical les attendaient. L’ennemi, abandonnant la poursuite, était retourné à Tanjore. D’Estaing partit de Trivalore pour Pondichéry, afin de tenter encore une fois de persuader à d’Aché