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EFFORTS DÉSESPÉRÉS DE LALLY

sans navires et sans vivres, dut être regardé comme perdu. » Quoiqu’il ne s’abusât pas sur l’imminence de cette extrémité, Lally ne négligea cependant aucun effort pour conjurer cette catastrophe. Il traita avec le fameux Hyder-Ali, alors commandant des armées de Mysore, pour avoir les services de dix mille hommes, dont moitié de cavalerie ; il lui remit immédiatement la forteresse de Thiagar et lui promit, dans le cas d’une issue favorable de la guerre, de lui céder Trichinopoly, Madura, Tirivelly et toutes les villes qu’il pourrait conquérir dans le Carnate. En raison de ces conventions, Muckdoum-Ali arriva à Thiagar le 6 juin, et à Pondichéry peu de jours après. Les intrigues des Conseillers rendirent ce traité à peu près illusoire ; mais cependant Muckdoum-Ali attaqua, le 18 juillet, un corps de cent cinquante Anglais, cinquante hussards et environ trois mille indigènes et le maltraita tellement que les survivants furent forcés de se réfugier à Tiruvadi ; mais Lally ne se borna pas à des tentatives d’alliances indigènes pour conjurer les dangers qui s’amoncelaient sur sa tête. Malgré sa faiblesse en infanterie européenne, il voulait frapper d’un grand coup l’ennemi qui l’assiégeait. Pour faire comprendre le plan qu’il adopta, il est nécessaire que nous expliquions qu’après l’entrée des Français au dedans de la haie dont Pondichéry était entouré, les Anglais avaient occupé une position d’une étendue d’environ un mille et demi ; leur droite s’appuyait sur le fort de Villenour, et leur gauche à la base de la colline de Périmbé. De plus, ils avaient élevé devant Périmbé une redoute armée de trois pièces de canon ; leur centre était protégé par une maison située dans un jardin entouré d’une haie et relié à la ville par une avenue. Le plan de Lally, qui était assez habilement calculé pour mériter le succès, exigeait que, tandis que sa colonne de droite surprendrait la redoute en avant de Périmbé, et le centre protégé par la maison dont nous venons de parler, sa gauche, stationnée sur l’autre bord de la rivière Ariancopan, la traversât pour prendre l’ennemi par derrière, et il était bien présumable que cette attaque multiple lui causerait une grande confusion. Pour éviter les méprises, Lally se rendit la veille sur le terrain avec M. d’Arambure, le commandant de la colonne de gauche, lui indiqua le point où il devait traverser et la