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DERNIÈRE LUTTE

La chute de Pondichéry n’était que l’avant-coureur de la capture des autres places que défendaient encore les Français dans l’Inde méridionale. Le 4 février, Thiagar se rendit au major Preston, et le 13, Mahé au major Munro. Gengi présenta de plus grandes difficultés, mais cependant, le 5 avril, la garnison jugeant la situation sans ressources se rendit à des conditions honorables au capitaine Stephen Smith. Parmi les troupes françaises au service de la Compagnie, trois cents hommes qui, pendant le siège, se trouvaient détachés sous les ordres de MM. Alain et Hugel, prirent du service sous Hyder-Ali ; cent furent incorporés dans l’armée anglaise, dans laquelle, du reste, ils se montrèrent aussi indisciplinés que lorsqu’ils étaient sous les ordres de leurs compatriotes ; les autres furent prisonniers de guerre.

Nous arrivons à la conclusion de l’histoire de cette époque féconde en épisodes et où les noms les plus illustres peuvent revendiquer une part dans les conceptions les plus remarquables, les plus grandioses qui aient jamais été exécutées sur le sol indien. Commençant avec des moyens fort restreints, puis soudain éblouissant le monde entier par ses hauts faits, l’entreprise française fut prématurément ensevelie dans l’humiliation et le malheur. Dans cette guerre, la plus fâcheuse de toutes celles que soutint la France, elle eut le triste sort d’être vaincue sur le continent à l’époque même où elle perdait ses possessions en Orient et en Occident. D’abord, en voulant sauver le Canada, elle perdit la meilleure chance qu’elle eût jamais eue de conquérir l’Inde méridionale, car on ne peut douter que Lally n’eût été partout victorieux sur la côte de Coromandel et n’eût été à même d’exécuter avec succès ses desseins sur le Bengale, s’il avait disposé des troupes, des vaisseaux et de l’argent que le Gouvernement lui retira au dernier moment. Cette diversion, tout en faisant échouer l’entreprise contre l’Inde anglaise, ne sauva cependant pas le Canada. Après sa chute, la vraie politique aurait exigé qu’on renforçât Lally dans le Carnate. Mais les troupes et les fonds qui lui auraient encore donné le pouvoir de réaliser les plans qu’il avait conçus, furent gaspillés parmi les légions de danseuses et de barbiers que commandaient les créatures de Mme de Pompadour, les Soubise, les Richelieu, les